L’intégration de l’Informatique dans l’enseignement secondaire au Cameroun

L’intégration de l’Informatique dans l’enseignement secondaire au Cameroun

De l’intégration de l’Informatique et des TIC dans les systèmes éducatifs, on entend l’enseignement de l’Informatique en tant que discipline à part entière et  l’utilisation de l’Informatique et des TIC en tant que technologie. Bref, il s’agit de l’Informatique et des TIC comme objet d’enseignement et outils pédagogiques d’une part et comme outils de gestion d’autre part.

Longtemps associée aux Mathématiques dans les Universités, l’Informatique n’est vieille que de deux décennies dans l’enseignement secondaire et tarde encore à prendre un envol digne comme c’est le cas des Mathématiques, de la Biologie, de la Physique, ...

Dans les pays industrialisés, l'équipement des établissements scolaires en ressources informatiques (ordinateurs, Internet, logiciels, etc.) est une priorité. L'ordinateur est de plus en plus intégré aux méthodes d'apprentissage des enseignants. Les logiciels multimédias sont par exemple aujourd'hui utilisés comme un outil privilégié d'enseignement et d'éveil (Encyclopédie Encarta).

Présent dans le programme scolaire de la Russie depuis 1985, l’Informatique intègre véritablement l’enseignement dans les écoles en Octobre 1994.

De nos jours, à en croire Gilles Dowek, le problème d’intégration de l’Informatique et des TIC ne se pose plus dans les pays comme l’Inde et la Chine.

Aussi, l’Informatique est maintenant en Pologne une discipline d’enseignement à part entière, avec des enseignants spécifiques. En Europe, la Pologne fait aujourd’hui figure de bonne élève en matière d’enseignement des TIC (Ganko-Karwowska, 2004).


En France, jusqu’en 2007 on ne pouvait pas parler d’une véritable intégration de l’Informatique et des TIC car les TIC n’étaient jusque là enseignés que dans certaines filières spécifiques de l’enseignement supérieur et peu de mesures étaient mises en place dans l’enseignement primaire et secondaire alors que les initiatives dans l’enseignement secondaire remonte à 1970 (Damien Couroussé, 2007).

En Tunisie, la matière Informatique est devenue obligatoire pour toutes les sections de l’enseignement secondaire à partir de la réforme de 2005. Les programmes de la matière Informatique ce sont enrichis d’avantage. Le contenu des cours étant plus adapté à la spécialité qu’a choisie l’élève (« Enseignement de l’Informatique en Tunisie » par Mohamed Trabelsi, Professeur d’Informatique, paru dans la revue de l’EPI).

En outre, une revue exhaustive effectuée en 2003 (Karsenti, 2003) a clairement montré qu’il existe très peu d’études sur l’intégration des TIC en éducation en Afrique, outre peut-être les travaux réalisés par certains chercheurs d’Afrique du Sud ou d’Égypte.

L’intégration des nouvelles technologies (ordinateur et Internet) dans l’Education est un processus qui a vu le jour en Afrique de l’Ouest et du Centre aux alentours de l’an 2000.

En ce qui concerne le Cameroun, c’est le 30 novembre 2001 que le Président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul BIYA inaugurait les Centres de Ressources Multimédia (CRM) du Lycée Général Leclerc et du Lycée Bilingue d’Essos à Yaoundé.

 Depuis cette date, les différents piliers du système éducatif national (Base, Secondaire, Supérieur et Formation professionnelle) mettent en œuvre des stratégies d’intégration des technologies de l’information et de la communication dans le système éducatif national.

C’est ainsi qu’au niveau de l’enseignement secondaire, l’équipement des lycées et collèges publics et privés en CRM et leur connexion à l’Internet s’est poursuivi sur l’étendue du territoire national, avec l’appui de l’Etat, du secteur privé et des parents d’élèves. A ce jour, une trentaine d’Etablissements d’enseignement secondaires publics disposent de centres de ressources multimédia et un grand nombre d’établissements sont équipés en laboratoires d’Informatique (FOUDA, Nov. 2009).

D’autre part, l’enseignement de l’Informatique  a été généralisé dans l’Enseignement Secondaire Général depuis juin 2003 avec la mise sur pied d’un programme d’enseignement de l’Informatique à tous les niveaux. Le débat d’en faire une discipline obligatoire ou facultative aux examens est un débat universel qui ne concerne pas que le Cameroun.

Comme on peut le constater, l’appropriation de l’informatique et des TIC en général est en marche dans l’enseignement secondaire camerounais, pour en faire, non seulement un objet d’enseignement, mais surtout un outil d’enseignement aux mains des formateurs et un outil d’apprentissage et de développement personnel pour les élèves, les étudiants et les apprenants.

Dans tous les cas, trois problèmes importants restent à surmonter :

  • La formation des formateurs ;
  • L'équipement des unités scolaires en matériel informatique ;
  • La connexion au réseau électrique des établissements scolaires situés dans les zones rurales.

Conscient du fait qu'une intégration réussie de l'Informatique dans la pédagogie nécessite des enseignants de qualité, le Gouvernement du Cameroun a ouvert des filières informatiques dans les Écoles Normales Supérieures (Yaoundé, Douala, Bambili et Maroua). Les premiers enseignants issus de ce projet, sont opérationnels depuis la rentrée 2009 (Paul Dieudonné MBOCK, 2008).

 Un certain nombre de projets existent au sein de la communauté éducative camerounaise. Dans le domaine de l'Informatique, et pour les Enseignements Secondaires, il faut citer entre autres :

  • L'introduction de l'informatique comme épreuve obligatoire aux examens de l'Enseignement Secondaire Général ;
  • L'interconnexion des Centres de Ressources Multimédia afin d'en faire une plate-forme plus dynamique ;
  • Le début effectif de la filière Technologies de l'Information (TI) ;
  • La mise sur pied d'un pôle de réflexion sur les logiciels libres

La question est pourtant fondamentale. Si vraiment l'Informatique est une science, on commet une faute grave en ne l'enseignant pas. Une société globalement illettrée sera soumise à des machines et à leurs fabricants, sans pouvoir comprendre ce qui est en jeu, sans défense, sans esprit critique.

Conscient de ces enjeux, le Cameroun a une volonté certaine de réussir dans cette voie ; il lui reste à y consacrer les moyens nécessaires.

Avec l’inauguration des Centres de Ressources Multimédia (CRM) du Lycée Général Leclerc et du Lycée Bilingue d’Essos à Yaoundé en date du 30 novembre 2001, le Président de la République, Son Excellence Paul BIYA, par ce geste symbolique, introduisait l’utilisation des NTIC dans l’enseignement secondaire.

En septembre 2007, à la demande du Ministre de l’Enseignement Secondaire, le Ministre de l’Enseignement Supérieur a créé une filière de formation des enseignants en Informatique et TIC à l’ENS de Yaoundé, et dont les premiers enseignants issus de cette formation sont déjà sur le terrain depuis Novembre 2009. Force est de constater que la formation de ces enseignants leur donne les compétences (ou aptitudes) suivantes : enseignant d’Informatique, initiateur des enseignants des autres disciplines à l’usage des TIC comme outil pédagogique, accompagnateur pour l’amélioration de la gestion de l’école avec les TIC (FOUDA, 2009). Aujourd’hui, d’autres filières de formation des enseignants d’Informatique ont été créées dans les ENSET de Douala et de Bambili, et à l’ENS de Maroua.

Avec cet engouement, le Cameroun n’est pas loin d’adapter l’enseignement secondaire à tous les usages de l’Informatique et des TIC  (des usages tels que décrits dans la partie précédente et débattus par Thierry Karsenti et Salomon Tchameni Ngamo). En fait, les usages faits de l’Informatique et des TIC dans l’enseignement secondaire au Cameroun pourraient se résumer à ce qui suit :

  • L’enseignement de l’Informatique et l’appropriation des TIC par les élèves dès lors qu’il existe un programme pour cet enseignement, de plus, des enseignants sont formés à cet effet et les laboratoires d’Informatique dotés d’outils informatiques sont créés dans des établissements.
  • L’usage des TIC pour enseigner (par les enseignants) et pour apprendre (par les enseignants et les élèves) les autres disciplines étant donné que des CRM connectés à internet sont créés et que des élèves professeur de l’Informatique à l’ENS ne cessent de s’investir dans la création des ressources pédagogiques numériques (FOUDA, 2009).
  • La gestion des établissements scolaire par les TIC telle que observée dans des établissements (DJEUMENI, 2007) et telle que présente dans le cursus de formation des enseignants de l’Informatique et des TIC à l’ENS de Yaoundé (FOUDA, 2009).

En donnant raison à BARON (2000) dans l’affirmation suivante : « les nouvelles technologies sont des systèmes complexes ; leur intégration à l’école se fera si l’on tient compte des différentes dimensions dans la formation des enseignants : formation technique, appropriation nécessairement longue et formation pédagogiques », il devient évident qu’un bon usage de l’Informatique et des TIC sera renforcé avec l’arrivée des enseignants nouvellement formés dans les écoles normales du Cameroun.

Malgré cet engagement par le Cameroun, l’enseignement de l’Informatique rencontre de nombreuses difficultés parmi lesquelles les plus remarquables sont présentées dans la section suivante.
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